Définition de RGIONAL, ALE

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : pa-j'

DÉFINITIONS

1
Jeune garçon attaché au service d'un roi, d'un prince, d'un seigneur. Page de la chambre du roi, ou, simplement, page.
Page, cherchez Rodrigue, et l'amenez ici
de Pierre CORNEILLE dans Cid, II, 4
M. de Dangeau va en poste et par conséquent sans grand équipage, mais avec six gentilshommes et six pages magnifiquement habillés
de Paul PELLISSON dans Lett. hist. t. I, p. 405, dans POUGENS
Tout petit prince a des ambassadeurs ; Tout marquis veut avoir des pages
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. I, 3
Le duc et le marquis se reconnut aux pages
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Sat. V
Ce que vous n'imaginerez seulement pas, c'est la beauté des chevaux que montaient les pages de la grande et de la petite écurie, qui les menaient très adroitement
de Françoise d'Aubigné, marquise de MAINTENON dans Lett. à Mme de Villarceaux, 27 août 1660
Les pages de la chambre étaient vêtus de casaques de velours couleur de feu, chamarrées d'or
de Françoise d'Aubigné, marquise de MAINTENON dans ib.
Sylvain, de ses deniers, a acquis de la naissance et un autre nom.... il n'aurait pu autrefois entrer page chez Cléobule, et il est son gendre
de Jean de LA BRUYÈRE dans VI
Le petit page me demanda de quelle part je l'apportais [le billet]
de Alain René LESAGE dans Gil Blas, IV, 5
La foule de pages et de domestiques de livrée a disparu, pour mettre plus d'aisance dans l'intérieur des maisons
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Louis XIV, 29
Tour de page, malice où il y a de l'espièglerie.
Effronté comme un page de cour, ou, simplement, comme un page, hardi jusqu'à l'impudence.
Plus effronté qu'un page, en vain on le retient
de Thomas CORNEILLE dans Baron d'Albikrac, I, 3
Être sorti de page, être hors de page, avoir accompli le temps de son service dans les pages.
Outre cela, pour récompense, on me fit portier en sortant de page
de Florent Carton, sieur d'Ancourt, dit DANCOURT dans 2e chap. du Diable boit. Prol. SC. 1
Elle le fit de moitié plus jeune, d'une beauté délicate, et non plus un Mars, mais un Adonis qui ne ferait que sortir de page
de Jean de LA FONTAINE dans Psyché, I, p. 75
Nature : Substantivement. Le hors de page, récompense qu'on donnait chez le roi aux pages sortant de service.
Sémantique : Fig. Être hors de page, être hors de toute dépendance.
Cette manière de gens qui ne sortent jamais de hors de page [qui en philosophie sont toujours écoliers]
de François de MALHERBE dans Épît. de Sénèque, XXXIII
Je vous ferai bien voir que je suis hors de page
de Thomas CORNEILLE dans D. Bertr. de Cigarral, V, 11
Mettre hors de page, affranchir de la dépendance.
Il faut se relever de ce honteux partage, Et mettre hautement notre esprit hors de page
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Femm. sav. III, 2
2
Pages de la musique, enfants qui étaient élevés pour chanter devant le roi.
3
Page de la vénerie, jeune homme destiné à devenir officier de la vénerie.
4
Pages ou garçons de navire, ancienne dénomination des mousses.
5
Nom de quelques papillons.
6
Sémantique : Terme de modes. Petite pince au moyen de laquelle on relève le bas de la robe sans être obligé de la tenir.

HISTORIQUE

1
XIIIe s.
Mieux vaut uns gaians [un géant] c'uns pages, Et deus dismes c'uns terrages
de GRIEVILER dans dans Bibl. des ch. 4e série, t. V, p. 30
Là fu mestre Jehans li pages, Et Poilasne cil de Gamache [ce sont des professeurs de logique]
dans Bat. des sept arts, p. 25
Qui parleront plus bel c'uns pages, C'uns trote à pié, ne c'uns corlieux [courier]
dans Miracles de la sainte Vierge, dans DU CANGE, corerius
2
XIVe s.
[Ils] Metent à mort es herbergages Chevaliers, escuiers et pages
de GUIART dans dans DU CANGE, pagius.
Et en cele heure commença un estris [querelle] Des valets et des pages qui gardoient les roncis
de GUIART dans ib.
Son bacinet faiso it à son page porter
de GUIART dans ib.
Vinrent à l'hostel de feu Robert deux larrons ou pillars et un page suivant les routes non communes ; les deux larrons et leur page furent tués en dormant
de GUIART dans ib.
Aux aideeurs, souffleurs, hasteurs, pages, enfans et les autres appartenans à nostre cuisine
de GUIART dans ib.
Page de la palefrenerie
de GUIART dans ib.
Ne ne li faut [à mon cheval] vallet ne page ; Car il est housez d'avantage
de MACHAUT dans p. 80
3
XVe s.
Les pages, de froid et de mal-aise, ne pouvoient porter les lances, mais les laissoient cheoir
de Jean FROISSART dans II, II, 17
Il estoit jà assez grant pour estre hors du paige, Petit Jehan de Saintré, p. 131, dans LACURNE. Avec ses paiges, qui nobles hommes estoient
de J. LEFEVRE DE ST-REMY dans Hist. de Charles VI, p. 89, dans LACURNE
Pour combatre n'y avoit point plus de neuf mille hommes, dont je conte deux mille pour la sequelle et serviteurs des gens de bien de l'ost ; je ne conte point pages ne valets de sommiers ne telles gens
de Philippe de COMMINES dans Mém. p. 656, dans LACURNE
Les Anglois eurent peur desdits Lombards du costé senestre qui vinrent derriere eux, et s'enfuirent les pages des Anglois et autres qui estoient derriere leur bataille
de BERRY dans Chron. de 1402 à 1461, p. 372, dans POUGENS
Après les cent gentilshommes venoient les pages d'honneur montez sur grands chevaux, et les laquais à pied vestus de draps d'or et de velours allans autour de la personne du roy
de ANDRÉ DE LA VIGNE dans Voy. de Naples de Charles VIII, p. 118, dans LACURNE.
4
XVIe s.
Si eust-il discerné un page entre cent autres ; car il le sentoit à son pageois [façon de page], incontinent qu'il entroit en la salle
de Bonaventure DESPÉRIERS dans Contes, XC.
J'ay oui dire à une damenotable, que le roy François le louoit [Louis XI] extremement fort ; qu'il estoit un peu trop cruel et sanguinaire, et que c'estoit luy qui avoit mis les roys de France hors de page ; car devant luy, disoit-il, les rois n'estoient que des demy rois, et n'avoient encore gagné l'autorité et la preeminence sur leur royaume
de Pierre de Bourdeille, seigneur et abbé de BRANTÔME dans Cap. franç. t. I, p. 50, dans LACURNE

ÉTYMOLOGIE

1
Wallon, pag ; ital. paggio. Mot d'origine douteuse ; Diez le tire du grec, disant que le mot a pu venir en Italie par les Grecs ou par les croisades. Il faut remarquer que, primitivement, page n'a nullement le sens de jeune enfant de distinction ; il signifie un domestique de bas étage, valet de cuisine, domestique d'armée. Cela paraît se rapporter davantage au provençal pages, vilain, paguet, petit vilain ; du latin pagensis, qui vient de pagus, lieu de campagne ; page représenterait pagius. Ceci est confirmé par un important passage de Fauchet cité dans du Cange, pagius : " Le mot de page, jusques au temps des rois Charles VI et VII, sembloit être seulement donné à de viles personnes, comme à garçons de pied ; car encore aujourd'hui les tuilliers appellent pages ces petits valets qui sur des palettes portent sécher les tuiles vertes. "